J'avais ramené il y a quelques mois de mon weekend à Palerme un vase en céramique représentant une tête de maure. En me promenant du coté de la Salute je viens de découvrir une façade ornée de ce même type de vase, typique de l'artisanat sicilien. Ces vases m'ont toujours plu mais les deux légendes qui semblent à leurs origines sont franchement tragiques:
Il moro
On raconte que dans le quartier de Palerme, la Kalsa, pendant la domination arabe, habitait une très belle jeune fille. Elle passait ses journées à soigner les fleurs de son balcon. Un jour, un jeune maure, en passant la remarqua et lui déclara sa flamme. Ils tombèrent éperdument amoureux l'un de l'autre. Malheureusement le jeune maure était marié et père de famille. Quand la jeune fille sut qu'il devait partir retrouver sa famille, elle attendit la nuit et le tua en plein sommeil. Elle lui tailla alors la tête et l'utilisa comme pot pour son basilic.
Le jeune homme resta ainsi près d'elle, et le basilic était tellement beau que les voisins commencèrent à fabriquer des pots en forme de tête de maure ...
Elisabetta et Lorenzo
Boccaccio raconte dans la cinquième nouvelle de la quatrième journée du Decameron l'histoire d'Elisabetta di Messina et Lorenzo.
La jeune Elisabetta vivait à Messine avec ses frères, riches marchands. Lorenzo, un beau jeune homme de conditions modestes, originaire de Pise, était à leur service. Les deux jeunes gens tombèrent éperdument amoureux.
Lorsque les frères découvrirent ce qui pour eux était un déshonneur, ils tuèrent Lorenzo et le firent disparaître.
Elisabetta était désespérée, une nuit le lieu de sépulture de son bien aimé lui apparu en rêve. Elle se rendit alors à l'endroit indiqué, déterra le corps, lui coupa la tête et l'emporta avec elle.
Une fois enfermée dans sa chambre, Elisabetta enterra la tête du jeune homme dans un pot de basilic. La jeune fille passait alors ses journées à pleurer et à parler avec le pot de basilic, jusqu'au jour où ses frères firent la macabre découverte ...
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Wiiliam Holman Hunt, Elisabetta and the pot of basil, 1867
Je ne sais pas laquelle des deux légendes est vraiment à l'origine de cette tradition mais ces pots sont toujours très décoratifs.
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